Saint-Abraham (56). Le labrador fugue, un voisin l'abat19 mars 2010 à 08h54
Ce matin, le tribunal de police de Vannes écoutera les arguments d'un habitant de Saint-Abraham. Il lui est reproché d'avoir, un jour du mois de juin dernier, tiré sur une chienne qui s'était approchée de trop près d'un poulailler. Cet abri n'appartenait pas à ce quinquagénaire. Officiellement, le contrevenant de 53ans est convoqué, ce matin, devant le tribunal de police de Vannes, pour «destruction volontaire et sans nécessité d'animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité». Il encourt une peine d'amende. Pour être plus précis, il avait tué, dans la matinée du vendredi 12juin 2009, Végéta, femelle labrador de quatre ans. Le tort de la chienne? S'être approchée de trop près d'un poulailler, qui n'était d'ailleurs pas la propriété du quinquagénaire, né et vivant à Saint-Abraham
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«Je savais qu'elle se sauvait de temps en temps», souffle Arnaud Touchet, maître de Végéta, qui avait installé une clôture grillagée sur son terrain pour l'en empêcher. Rien n'y fera. Pour la troisième fois, la dernière donc, elle était partie «jouer avec des poulets» sur le terrain d'une autre maison, louée par un couple. Ces visites, les locataires les avaient simplement signalées. «Comme un gamin qui faisait une connerie, que j'assumais, elle s'en allait», explique Arnaud Touchet.
Le tireur aurait voulu étoufferl'affaire Ce vendredi 12juin, un autre voisin, «jamais croisé» auparavant, aurait pénétré sur le terrain pour tirer à bout portant sur le labrador avec son fusil de chasse. Avant d'enfermer l'animal et de le laisser agoniser huit heures durant dans un clapier à lapins «moitié moins grand» que lui. Absent toute la journée, le couple à qui appartient le poulailler avait reçu la visite du tireur présumé en début de soirée. Ce dernier leur aurait indiqué «qu'il y avait eu un carnage, que des poulets avaient été tués». Deux, a priori. Il dira d'abord «avoir tapé la chienne», parce qu'elle aurait «essayé de le mordre», et leur demandera que cela «reste entre eux». Apprenant que Végéta a été quasiment exécutée, ceux-ci s'en ouvriront auprès d'Arnaud Touchet qui, depuis les faits, a préféré déménager à Sérent.
Une pétition en ligne recueille 1.500 signatures Après autopsie, un vétérinaire confirmera la mort à cause d'une volée de plombs. Le propriétaire de Végéta déposera une plainte à la compagnie de gendarmerie de Ploërmel. Un embryon de tentative de médiation sera tenté, à l'automne, au tribunal de grande instance de Vannes. Échec total. Voilà pourquoi Arnaud Touchet sera aujourd'hui au tribunal de police en tant que partie civile, épaulé par MeEmmanuelle Le Jossec, du barreau de Lorient. Et par Chloé Mahias, déléguée enquêtrice morbihannaise de l'association spécialisée Droits de vivre. Sans oublier quelque 1.500 soutiens virtuels qui ont «signé» la pétition mise en ligne sur internet. Ce qui a permis, aussi, de glaner pas loin de 300 € de dons. Cette somme servira à couvrir une partie des frais d'avocat.
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Saint-Abraham. 300 € d'amende requis contre le tueur du labrador20 mars 2010
«Vous êtes allé voir le chien agoniser. Ça, je ne comprends pas...». Thierry Lebéhot, vice-procureur de la République, a requis, hier, au tribunal de police de Vannes, une peine d'amende d'un montant de 300€ à l'encontre du quinquagénaire qui a tué, un jour du mois de juin dernier, un labrador fugueur s'étant approché de trop près du poulailler d'un couple de voisins, à Saint-Abraham (Le Télégramme d'hier). Le contrevenant, détenteur d'une carabine de chasse, a confirmé, à la barre, avoir tiré sur Végéta, labrador femelle de quatreans, par «état de nécessité». Expression employée par son avocat, MeHubert de Chanterac. Le plaideur a répondu au représentant du ministère public: «Pourquoi l'avoir laissée agoniser? Encore aurait-il fallu penser que le coup de feu pouvait s'avérer mortel...». Soutenant Arnaud Touchet, le propriétaire de Végéta, Me Emmanuelle Le Jossec décrit le quinquagénaire comme «un justiciervoulant en finir avec un tueur de poulets. Mais si lui est passionné par son poulailler, il doit comprendre également que l'on peut se montrer attaché à son animal de compagnie».
«Aucun antécédent d'agressivité» L'avocate enfonçe le clou en citant le vétérinaire qui a réalisé l'autopsie de la chienne. Celui-ci, qui suivait le canidé depuis sa naissance, a écrit que Végéta «ne présentait aucun antécédent d'agressivité envers les humains». Et Me Le Jossec de réclamer, au nom de son client, la somme de 3.000 € à titre de dommages et intérêts, en plus de 124 € pour couvrir les frais d'autopsie et d'incinération. «Astronomique», rétorque MeHubert de Chanterac. Le jugement a été mis en délibéré au vendredi 30avril prochain.